C'est un portrait de famille. Un portrait qui rappelle ces photographies du siècle dernier. Toute la petite famille prend la pose devant l'objectif, histoire d'immortaliser ses courtes vacances à la plage.
Mes références, explique Carmen Selma, sont d'anciennes photographies, à partir desquelles je devine ou j'imagine les histoires des photographiés, en m'appropriant leurs expressions et leurs gestes, contenus par des émotions ou des expériences vécues qui se racontent
en silence.
Et voici le souvenir d'un temps béni lors duquel la vie semblait avoir suspendu son cours inexorable. Souvenir d'un temps où les quatre protagonistes
de cette peinture se tiennent dans un garde-à-vous un peu empesé ne faisant pourtant qu'une seule et même entité. Une petite famille normale : les parents et deux enfants. Déjà, dans l'image, le poids d'un avenir qui verra chacun partir peu à peu vers
son destin. Une sourde nostalgie s'invite dans les couleurs choisies par l'artiste. Les traits des visages ne sont pas clairement définis comme s'ils s'estompaient dans sa mémoire. Quelques touches de peinture pour saisir ce qui peut l'être encore...
Et nous autres, spectateurs curieux de tout, face à cette image, comme face à celles qui remplissent nos tiroirs (et maintenant nos ordinateurs)... Dubitatifs, amers ou impuissants. Le temps a fait son œuvre, et continue sa fuite en avant...
Carmen Selma expose à la Galerie de l'Ancien Courrier, jusqu'au 6 octobre 2018.